FETE DES MASQUES DES somono, kirango (mali)
FETE DES MASQUES DES somono, kirango (mali)
par Elisabeth den Otter
Kirango est un village situé au bord du Niger, à 35 km au nord est de la ville de Ségou, où vivent les ethnies Bozo/Somono (pêcheurs) et Bamana (agriculteurs). Au cours de leurs fêtes les masques et marionnettes jouent un rôle essentiel. Désignés par le même mot sogow (animaux), ils associent chants, rythmes de tambours et danse. Le ton, association des jeunes du village, organise la fête des masques des pêcheurs Somono du quartier Thierola de Kirango.
Selon la légende, les pêcheurs sont les descendants de Faaro, esprit de l'eau et créateur du monde. La sortie des masques et marionnettes célèbre ce mythe des origines, leur relation aux animaux terrestres et aquatiques. Accompagnée de chants et de tambours, la danse de personnes masquées alterne avec celle des sogow, grandes marionnettes représentant des animaux tantôt mythiques, tantôt véritables.
Dans les temps pré-coloniaux les pêcheurs furent les premiers à pratiquer des défilés de sogow et sont reconnus de nos jours comme les détenteurs originels de cette tradition. L’explorateur Paul Soleillet témoigne avoir observé en 1878 un castelet couvert d’étoffe, ayant une tête d’autruche et portant sur son dos deux petites marionnettes. Ce castelet était installé dans une pirogue et accompagné de tambours. L’oiseau figure aujourd’hui parmi les marionnettes les plus importantes chez les pêcheurs .
Les sogow de jour
Le premier masque a paraître est Gonfarinman, le méchant chimpanzé. Il est suivi de trois castelets couverts d’étoffe: l’oiseau du Bani (Banikono), l’oiseau (Kono) dont le dos est orné de deux petits oiseaux, et le cheval (So), qui porte un cavalier sur le dos. Il y a aussi deux nains (Wokuloninw), redoutables chasseurs armés d’un arc.
Les sogow de nuit, fabriqués en tissu, représentent des animaux aquatiques. Certains d'entre eux, comme le poisson-chien (Wulujege) et le capitaine (Saalen), le couple de scorpions (Bunteninw), le crocodile (Bama), et le serpent (Sa), n'ont pas de pattes. Ils rampent sur le sol, manipulés par un homme caché à l'intérieur. Par contre, le porc-épic (Bala) et l'hippopotame, (Mari), très appréciés du public, marchent sur des pattes. Tous les sogow sont conduits par un homme qui agite une clochette.
Les chants qui accompagnent les masques/marionnettes et les danses sont interprétés en langue bamanan. Les paroles des chants varient selon les sogow. L’un des chants qui accompagne les poissons les compare à un miroir d'or; un autre, qui accompagne l'hippopotame et le crocodile, redoutables animaux de chasse, parle des prouesses des pêcheurs comme chasseurs. Un autre encore, celui qui accompagne la danse de l'oiseau, parle de la jalousie entre les hommes, une préoccupation souvent exprimée dans les chants.
Cette forme de théâtre total qui, entre rêve et réalité, relie le monde des esprits à celui des humains, reflète l’identité culturelle des Bozo/Somono. Danses, chants, rythmes des tambours, sont des éléments précieux de leur héritage culturel, un héritage qui évolue au gré des changements sociaux que connaît cette communauté.
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Texte/video/photos: Elisabeth den Otter/Samaké Records ©